1) La bataille de Bagdad
“Saddam n’ignore rien du symbole que représentera la prise de Bagdad. Et les Américains devront en payer le prix”. Depuis des mois, les services Saoudiens mettent en garde les Américains : Hussein ne laissera pas tomber la capitale de l’Irak sans résistance. A Washington, certains gradés sous couvert d’anonymat n’hésitent pas évoquer un scénario à la somalienne : une bataille sanglante pour chaque mètre dans les rues de la ville. Une hypothèse confirmée il y a peu par un déserteur de la Garde Républicaine, la troupe d’élite de Saddam : “ Nous sommes prêts pour le combat final. Et si nous faisons preuve de faiblesse, nos supérieurs ont pour ordre de nous abattre. La bataille pour Bagdad sera terrible. Il y aura beaucoup de morts... Des deux côtés”.
Dans cette optique, Saddam a mis en place un double rideau de défense: à l’extérieur de la ville des troupes de l’armée régulière, à l’intérieur les fidèles de la Garde Républicaine, des troupes entraînées et bien équipées qui sont éparpillées au milieu de la population civile. Pour rendre la situation encore plus complexe, les fidèles de Saddam disposent d’un réseau sous-terrain sous Bagdad. Ce qui devraient leur permettre de se déplacer rapidement et discrètement mais aussi de stocker vivres et munitions.
2) Les méthodes de guérilla
La puissance de feu américaine est sans comparaison avec celle de l’Irak. C’est donc sur d’autres atouts que Saddam Hussein compte jouer. Prenant exemple sur le conflit vietnamien, Saddam a opté pour des méthodes de guérilla. Ainsi pour contrer les “bombes intelligentes”, l’Irak devrait utiliser un épais écran de fumée. Ainsi, la CIA craint que le dictateur de Bagdad ordonne à ses hommes de noyer sous le pétrole les importantes tranchées en construction autour de la capitale et ensuite d’y mettre le feu. L’opaque fumée noire rendant alors aléatoire le guidage électronique. Mais il ne faut pas croire que le dictateur irakien a décidé de faire uniquement dans “l’artisanal”. Un rapport du Pentagone révèle en effet que l’Irak aurait acquis un stock de brouilleurs électroniques, rendant le guidage par satellite impossible.
Suivant la même logique de résistance par tous les moyens, et comme le révélait il y a quelques semaines le journal saoudien Al-Watan, Saddam a décidé de tenter de mettre l’opinion publique mondiale de son côté : “ Il ne frappera pas le premier. Hussein laissera les Américains prendre la responsabilité de la guerre, mais ensuite, il utilisera tous les moyens à sa disposition”. La bataille médiatique est au coeur des soucis du Département de la Défense américain. Ainsi, utilisant des informations fournies par la CIA et la NSA, la Maison-Blanche a révélé que le régime de Bagdad s’était procuré des uniformes américains et comptait s’en prendre à la population civile irakienne pour ensuite faire endosser aux Etats-Unis la paternité de ces massacres. Une analyse partagée par le docteur AchHarastani, ancien responsable du programme nucléaire irakien. Aujourd’hui, maillon essentiel de la diaspora scientifique irakienne, il est persuadé que pour rendre encore plus insupportable la guerre, Saddam Hussein s’en prendra à son propre peuple.
3) Le pétrole
Avec des réserves de pétrole dépassant les 112 milliards de barils, l’Irak est le deuxième pays producteur de brut au monde. Aussi l’or noir occupe une place centrale dans la stratégie de Saddam : “ Depuis 1991, Hussein a fait plastiquer ses champs de pétrole. Et en dernière extrémité, il ordonnera de les détruire. Il faut espérer maintenant que les militaires chargés de l’opération n’ont pas fait un bon boulot”. Le général à la retraite Chuck Horner n’ignore rien du “plan Armaggedon” dont les grandes lignes circulent entre Paris, Londres et Washington. La crainte de l’explosion des 2000 puits irakiens, et de ses conséquences économique et écologique sans précédents, était au centre de la volonté américaine d’obtenir le feu vert des autorités turques. Le Pentagone souhaitait que les troupes de 4th Army puissent lancer l’offensive depuis la Turquie, rentrer en Irak par sa frontière nord et prendre immédiatement le contrôle des ressources pétrolières.
De son côté, le Département de la Défense dans une enquête interne redoute que, comme lors du premier conflit, Saddam fasse déverser des millions de barils de brut dans le Golfe Persique, entraînant la pollution d’au moins quinze stations de désalinisation responsables de l’approvisionnement en eau douce des pays voisins de l’Irak.
Et puisque le pétrole semble être aussi au centre des préoccupations de la Maison-Blanche, Hussein a décidé de frapper où cela fait mal. En effet, d’après la CIA, le réseau Al-Quaeda, sur une suggestion de l’Irak, tenterait de recruter en Arabie Saoudite et au Yemen, des candidats au suicide prêt à frapper les puits koweitiens et saoudiens.
4) Les armes chimiques et biologiques.
Si en 1990, Hussein avait limité son recours à ces armes de destruction massive, il ne fait aucun doute que sachant la défaite inéluctable, il utilise le VX et l’anthrax à sa disposition. A en croire les services de renseignements saoudiens, Saddam aurait même tenu une réunion avec son entourage en juillet dernier afin de valider cette option. Une hypothèse sérieuse confirmée par un ancien “cadre” de la DST : “ Pendant la première guerre du Golfe, Saddam a stocké ses réserves chez un pays ami et depuis il en a récupéré une partie. Et si aujourd’hui, il n’a plus les moyens de frapper loin, il peut toujours atteindre les troupes américaines et la population civile en particulier kurde”.
Dans une récente interview à la chaîne Sky News, un déserteur de la Garde Républicaine confirmait les craintes occidentales : “ l’usage d’armes chimiques est sûr à 100%. Nous avons été entièrement équipés pour y faire face, du masque à gaz aux vaccins. Les futurs bombardements chimiques ne sont un secret pour personne... Lorsque tout sera perdu, Saddam le fera”.
En fait, et contrairement à l’impression qu’il a donné lors de son passage devant le Conseil de sécurité, Hans Blix lui-même a noté dans son rapport de 173 pages un élément allant dans ce sens : “des informations crédibles” indiquent que 21000 litres d’agents biologiques dont 10000 litres d’anthrax ont été stockés dans différents endroits du pays durant la guerre du Golfe et n’ont jamais été détruit.
5) Le terrorisme
Les spécialistes de la lutte anti-terroriste, en France et aux Etats-Unis, sont unanimes : l’action américaine va créer la multiplication de foyers chauds sur le globe. “ Tant que le conflit n’aura pas débuté, il n’y aura pas d’actions terroristes. C’est la justification qu’attendent les Irakiens. Par contre, dès le début, il faut s’attendre au pire”. Ce responsable français du contre terrorisme est catégorique. Et pour prouver ses dires, il révèle que son analyse est partagée par les autorités de Washington. Pour preuve, le rapatriement, discret mais systématique, des familles de diplomates américains et les consignes, discrètes, passées aux entreprises américaines implantées à l’étranger. Ray Mc Govern, un ancien “cadre supérieur” de la CIA affirme que l’Agence craint que Saddam ait distribué des moyens de lutte chimique et biologique à certaines organisations terroristes. Avec consigne de les utiliser en cas d’intervention militaire contre lui : “ Tout notre travail le prouve, Hussein est prêt à tout si nous le poussons à agir”.
En juillet, toujours selon les services de renseignements saoudiens, Saddam Hussein aurait également pris la décision de recourir au terrorisme : “ Qusay Saddam Hussein est en charge du second front. L’activation des cellules dormantes en Europe et aux Etats-Unis”. Selon un rapport de la CIA du 8 mars dernier, il s’agirait non seulement de groupes irakiens mais aussi pour la première fois de“sous-traiter” la réponse en fournissant des moyens de frappe au réseau Al-Quaeda. “ Il existe un confluent d’intérêt contre un ennemi commun” notait également il y a peu de temps un rapport interne du FBI. En fait, les Américains craignent aujourd’hui que l’Irak fournisse en souches infectées des fidèles de Saddam Hussein. Et si les Etats-Unis figurent parmi la liste des cibles potentielles, l’Europe mais également les troupes massées aux frontières de l’Irak font aussi partie des cibles choisies par les terroristes.
Dernière hypothèse : les kamikazes irakiens. Mais cette fois-ci, il ne s’agirait pas de se faire sauter dans un lieu public mais de s’inoculer un virus mortel, comme la variole, et de propager la maladie en se mêlant le plus simplement du monde à la population d’une grande ville occidentale. Si le “volontaire” ne résisterait pas longtemps, son immersion suffira à provoquer la contamination de milliers de personnes. Un scénario catastrophe jugée incontrôlable par la CIA.
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