C’est ici que le programme nucléaire mais aussi la fabrication de souches contaminées et de gaz chimiques sont élaborés. Il s’agit pour l’Irak de se défendre contre son voisin iranien mais aussi pour le leader du parti Baas d’étouffer toute velléité de rébellion chez les nombreuses minorités du pays et plus particulièrement les Kurdes.
Moins de dix ans plus tard, en août 1983, l’Ypérite est utilisée à Haij Umran. En mars 1984, du Tabun est largué sur Al-Basrah. Et il faudra attendre octobre 1987 pour que l’armée irakienne utilise pour la première fois semble-t-il des agents neurologiques. Et s’il s’agit de frapper durant la guerre de huit ans contre l’Iran ou de pratiquer de l’épuration ethnique contre les Kurdes dans le cadre de la campagne Al-Anfal, les documents que publie aujourd’hui VSD révèlent qu’en 1989, l’armée irakienne “testait” ses armes contre sa population. Ainsi, l’échange télégraphique que nous présentons, règle le sort de 1860 “terroristes” Kurdes devenus cobayes.

- L’arme biologique

D’après la CIA, au lendemain de la première guerre du Golfe, Saddam Hussein possédait du gaz moutarde, du VX, de l’anthrax, du sarin, du cyclosarin. Ainsi dans un rapport d’octobre 2002, l’Agence s’inquiétait de la “disparition” de “ 15 000 roquettes d’artillerie qui étaient les principaux vecteurs des agents neurotoxiques et de 550 obus d’artillerie contenant de l’ypérite”.
A cette variété d’armes chimiques, il faut rajouter, toujours selon la CIA mais également comme le confirme le docteur AchHarastani dans son interview à VSD, l’Irak possède d’importants stocks d’armes biologiques. De son côté, Bagdad a reconnu avoir effectué 14 essais d’armes biologiques à l’air libre de janvier 1991 à mars 1998. Pour rendre plus sure la fabrication, l’Irak utiliserait des unités mobiles. Ainsi, un autre transfuge racontait récemment dans le magazine Vanity fair avoir aménagé en laboratoires mobiles des camions Renault : “Ils ressemblent à des véhicules qui transporteraient de la viande ou des yaourts. Mais à l’intérieur il y a un laboratoire, avec des incubateurs pour les bactéries, des microscopes et la climatisation”.

- Lexique :

L'ypérite ou gaz moutarde : C'est un liquide huileux à odeur de moutarde, très peu soluble dans l'eau. Il traverse les parois cellulaires des tissus et pénètre facilement divers matériaux : bois, caoutchouc, cuirs, peintures et en particulier les gants chirurgicaux. C'est un toxique très persistant et peu biodégradable dans des conditions climatiques froides et tempérées. Lors d'une contamination par micro gouttelettes ou de liquide (explosion d'une grenade), la pénétration du toxique dans l'organisme est très rapide et est favorisée par la transpiration. Elle se fait essentiellement par la peau (3 minutes par la peau) et les yeux mais également par la voie respiratoire par l'inhalation de micro gouttelettes ou de vapeurs et digestive par ingestion d'aliments contaminés. Les symptômes n'apparaissent qu'après une période de latence de quelques heures (environ 4 heures). La mortalité est toujours retardée, jamais de mort sur les lieux de contamination.

Tabun : Liquide allant de l'incolore au brunâtre, le tabun est un agent neurotoxique non persistant semblable à un pesticide. Selon l'exposition, les réactions comprennent des troubles de la vue, des difficultés respiratoires, des spasmes musculaires, des sueurs, des vomissements, la diarrhée, le coma, des convulsions et un arrêt de la respiration menant à la mort. Le tabun ne peut se conserver que pendant cinq ans

Sarin : Liquide ou vapeur incolore qui, selon l'exposition, peut causer des troubles de la vue, des difficultés respiratoires, des spasmes musculaires, des sueurs, des vomissements, la diarrhée, le coma, des convulsions et un arrêt de la respiration menant à la mort.

VX : Liquide huileux persistant, translucide et inodore, considéré comme l'une des substances les plus toxiques qui aient jamais été fabriquées. Le VX aéroporté peut tuer en l'espace de quelques minutes mais son principal effet est son absorption par la peau. Les réactions comprennent des troubles de la vue, des difficultés respiratoires, des spasmes musculaires, des sueurs, des vomissements, la diarrhée, le coma, des convulsions et un arrêt de la respiration menant à la mort.

Anthrax : invisible, insipide, inodore. Une dose mortelle de 8000 à 10000 spores a la taille d'un grain de poussière. L’anthrax peut être un tueur insidieux et efficace. Ses spores peuvent survivre plusieurs dizaines d’années. Si il est inhalé, ils peuvent tuer en deux trois jours, d’autant plus dangereusement que les symptômes apparaissent au début aussi bénins que ceux d’un rhume.