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Philip Jones Griffiths

 
 

Philip Jones Griffiths est un des plus célèbres photographes ayant couvert le conflit Vietnamien. Les clichés de ce Britannique ont contribué au rejet de cette guerre par une partie de la population américaine.

 
WR : Dans quelles circonstances avez-vous découvert le Vietnam ?
PJG : D’abord envoyé par un magazine puis saisissant chaque occasion pour y retourner. Le pays et son peuple sont fascinants. C’est pour cela que je dis précise à chaque fois que je n’y étais pas en tant que
correspondant de guerre mais comme photographe couvrant une guerre. Et d’ailleurs depuis la fin des hostilités, j’y ai effectué vingt-six séjours.
 
WR : Certains de vos clichés sont très dur. Quelle est la situation la plus horrible que vous avez vécu là-bas ?
PJG : Tout un niveau d’un hôpital était utilisé pour y poser ceux qui allaient mourir. La plupart était à même le sol, les soins étaient devenus inutile. Il s’agissait de civil. Et là, il y avait cet homme, victime d’un bombardement au napalm. Il était encore en vie mais son visage n’était plus là. Sans peau, il était un squelette agonisant. La vision était si difficile à supporter que je me suis interdit d’en faire une photographie. Et là, j’ai croisé le regard d’un enfant qui était là. Et je me suis dit qu’il fallait photographier l’horreur. Pas pour publier mais pour témoigner en cas de procès pour crimes contre l’humanité.
 
WR : De nombreux anciens combattants confrontés à des situations similaires sont aujourd’hui encore hanté par des cauchemars. C’est également votre cas ?
PJG : Je rêve presque toute les nuits du Vietnam. Mais mes rêves sont doux, chaleureux et peuplés de belles créatures. Il s’agit sûrement d’une manière de me préserver.
 
WR : L’Irak a généré moins de clichés forts. Pourquoi ?
PJG :Le témoignage numérique a remplacé notre travail. Et c’est très bien. D’ailleurs si j’étais milliardaire, j’enverrai un appareil à chaque soldat. Pour documenter le vrai visage de la guerre. Et les travers de l’Empire américain.
 
WR : Vos clichés sont dur à supporter et dans le même d’une beauté profonde. Comment réussissez-vous a atteindre cet équilibre ?
PJG : En me rappelant en permanence quel est mon métier. Placer l’emphase sur le contenu, c’est faire de la propagande. Et être fasciner par la forme, c’est rechercher le cliché choc. Moi, j’ai essayé d’être un artiste qui témoigne.
Mon Vietnam  

Le 10 mai 1994, Oliver Stone était fait doctor honoris causa à l’Institut des Études internationales de l’Université de Berkeley en Californie. L’occasion pour le réalisateur de Platoon et de Né un 4 juillet de revenir sur son Vietnam et d’établir un parallèle troublant entre la négation de la collaboration en France et le refus américain de supporter les conséquences du conflit asiatique.
 
“ Ma mère était française. J’ai donc grandi en France dans les années cinquante. C’était une période où personne- adulte comme jeune de mon âge ne parlait de la collaboration avec les nazis durant la Seconde guerre mondiale. Et pourtant, nous savons quelle a été importante. Mais à en croire chaque personne avec qui j’évoquais le sujet, nous avions au mieux des membres de la Résistance au pire des individus qui avaient eu un comportement héroïque pendant cette période. Mais de la collaboration, personne. En fait il a fallu qu’un réalisateur ose briser le silence pour que la situation change. Avec “ Le Chagrin et la Pitié”, Marcel Ophuls a ouvert le débat, se plongeant sur une blessure que la société française se refusait de voir.
 
Plus tard, je suis allé au Vietnam. La première fois en tant que militaire puis une deuxième fois pour un service dans le civil. Et lorsque je suis rentré en Amérique en 1969, j’ai constaté que la situation vietnamienne était étouffée sous le silence. Personne n’en parlait. C’était une situation très étrange où d’en parler était faire
preuve... d’impolitesse.
 
J’ai lu l’histoire officielle de la guerre du Vietnam. A mon avis ( et mon avis seulement car tout le monde à son Vietnam), elle est absolument fausse. C’est pour cela que j’ai écrit Platoon. Parce que j’avais le sentiment que si je devais faire une seule chose de bien dans ma vie c’était de raconter honnêtement la vérité. Une situation que j’avais expérimenté moi-même et que je devais raconter telle qu’elle s’était déroulée et que je ne devais surtout pas taire. Comme vous le savez, le Vietnam est toujours aujourd’hui une blessure ouverte dans la société américaine. ( George H. ) Bush et Reagan ont beau répéter que la guerre est terminée, le Vietnam reste présent dans nos esprits.
 
Tout comme la collaboration en France, le Vietnam est un malaise encore bien ancré dans notre pays.
Il y a quelques temps de cela, j’animais un séminaire dans une université. J’y ai constaté que la plupart des étudiants ignoraient tout du Vietnam.
 
Ils ignoraient ce qu’était l’incident du Golfe du Tonkin, qui est pourtant une des plus intéressante manipulation de notre histoire. L’incident a entraîné l’Amérique a déclaré le début des hostilités contre le Nord Vietnam alors qu’il s’agissait d’une manipulation orchestrée par nos dirigeants.

Les gens ont oublié que nous avons noyé le Laos et le Cambodge sous les bombes. Tuant entre un et deux millions de Vietnamiens. Un véritable holocauste dont nous avons été partie prenante. Au milieu des années quatre-vingt, j’ai voyagé en Amérique Centrale. Et cela a été un nouveau choc. Je suis passé au Honduras, au Salvador, au Nicaragua et au Guatemala. J’en ai fait un film, Salvador. Lorsque j’ai vu les troupes américaines dans les rues du Honduras et du Salvador je leur ai demandé aux soldats s’ils se souvenaient du Vietnam. C’étaient de jeune gars qui portaient le même uniforme vert que j’avais porté là-bas quelques années plus tôt. Et aucun d’eux ne se souvenait du Vietnam. Ils étaient même gêné par l’idée d’un parallèle entre leur guerre et la mienne. Mais le pire reste que, honnêtement, ils ignoraient ce que nous avions fait au Vietnam. Cette vérité là est dévastatrice car il n’y a rien de pire pour une nation que lorsque ses citoyens font preuve d’indifférence et d’ignorance envers sa propre histoire.
 
(...) Mais le Vietnam est ignoré par la majorité. A tel point, même si cela peut paraître cynique, que j’en conclu que l’Histoire est finalement écrite par les vainqueurs. Ainsi, ils ont tué Kennedy et réécrit l’histoire afin qu’elle corresponde à ce qu’ils veulent vous faire croire. Croyez-moi, si Hitler avait gagné la Seconde guerre mondiale, aujourd’hui nous lirions une autre histoire des États-Unis qui servirait à justifier Hitler.Les gagnants ramassent tout. Et il ne faut jamais sous estimer ce pouvoir là capable de changer le cours de l’histoire.
 

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