Le 4 août 1962, Marilyn Monroe disparaissait. Quarante ans plus tard aucune des questions sur les conditions de sa mort n’ont trouvé une réponse définitive. Suicide, assassinat organisé par la mafia ou meurtre commandité par les frères Kennedy ? Pour inaugurer sa série d’été, VSD se plonge dans le mystère et vous offre un retour sur le dernier jour d’une star.Marilyn Monroe avait trente-six ans le 4 août 1962. L’alcool, les antidépresseurs et la cruauté des hommes avaient usé le sex-symbol d’Hollywood. Ses deux derniers films avaient été des échecs et Marilyn ne réussissait pas à reprendre le chemin des studios. Sa dernière échappée cinématographique, finalement inachevée, résonnaient comme une terrible remise en question.
Elle, LA star définitive, avait été virée comme une malpropre par George Cukor et la Twentieth Century Fox. Trop de retard, d’absences et de trous de mémoire. Et puis, comme un ultime coup de poignard, il y avait eu le mariage d’Arthur Miller. L’être tant aimé venaient d’oublier Marilyn contre la poitrine d’une plus jeune qui elle, on le lui avait dit, lui donnerait prochainement un enfant. Ce soir du 4 août, le souvenir des deux grossesses inachevées étaient revenues hanter l’actrice. Et pour les soirs de cafard, Marilyn avaient une recette infaillible, un cocktail mortel qui à plusieurs reprises avait déjà failli écrire le mot fin sur l’écran de sa vie. Les bulles du Dom Pérignon 1953 permettait d’oublier l’amertume du Nembutal. Et lorsque, les 25 comprimés jaunes avaient été avalés, il restait encore ces petites pilules vertes, l’hydrate de chloral. En quelques minutes, Marilyn perdait connaissance, rentrait dans un coma médicamenteux et oubliait cette question qui la rongeait lorsque le soleil cessait d’illuminer sa villa de Brentwood : “A quoi servent les nuits ?”.
Deux semaines plus tard, la police de Los Angeles, secondée par les services du FBI, donnaient une réponse : les nuits servent à se suicider. Marilyn avait été terrassée par une vulgaire overdose de barbituriques. Désormais le sex-symbol accédait au rang de mythe.
L’historien français André Kaspi a souvent avancé que le refus des Américains à croire à l’implication d’un tireur unique dans l’assassinat de John Kennedy vient du fait que l’être humain a du mal à accepter une vérité simple lorsqu’elle touche à un événement exceptionnel. Une théorie que l’on pourrait appliquer également à la mort de Marilyn Monroe. Sauf que, comme pour le meurtre de JFK, l’épreuve des faits remet en cause l’idée même qu’une vérité simple est à l’origine de la disparition de l’actrice.
En 1964, Frank Cappel, un ancien agent du FBI publie un pamphlet de 70 pages sur “L’étrange mort de Marilyn Monroe”. Pour la première fois, les quelques milliers de personnes qui lisent le livre, découvrent que l’actrice entretenait une liaison avec Robert Kennedy, le frère du Président, alors Ministre de la Justice. Mieux encore, le 23 octobre 1964, un autre ancien du FBI en poste à Los Angeles au moment des faits adresse à son grand patron, J. Edgar Hoover, une correspondance de trois pages. Ce document que publie aujourd’hui VSD, relate une série d’informations collectées dans l’entourage de l’actrice. Là encore, la relation difficile entretenue par Bobby et Marilyn semble être au centre de la disparition de la blonde. On y apprend que le cadet Kennedy avait promis à Marilyn de divorcer de sa femme et qu'apparemment l’actrice avait cru à ces propos d’oreiller. Mais surtout, le rapport révèle que ce fameux 4 août 1962, Robert F. Kennedy était à Los Angeles où, officiellement, il avait passé la nuit au Beverly Hôtel à quelques blocs du domicile de la star. Hoover, plus intéressé par la collecte d’informations sur les activités sexuelles et les amitiés communiste de l’actrice décédée ne donna pas suite au mémo. Et indirectement, en étouffant la piste Kennedy, alimenta les théories des défenseurs de la conspiration.
Et si tour à tour, l’hypothèse d’un meurtre organisé par le parrain Sam Giancanna afin d’embarasser le Président et son frère, tous deux amants de l’actrice puis celle d’un crime commandité par Robert Kennedy lui-même ont eu les faveurs des conspirationistes, le décès de Marilyn Monroe n’a qu’un vague rapport avec les X-files. En fait, les raisons de croire que Marilyn a bel et bien assassinée sont non seulement nombreuses mais également convaincantes.
L’autopsie par exemple. L’examen du cadavre de l’actrice aurait du permettre de déterminer avec certitude l’origine du décès. Pourtant l’étude du dossier 81128 apporte plus de questions qu’elle ne donne de réponse. Un sentiment partagé par les médecins légistes qui au moment de dresser l’acte de décès, précise que la cause du décès est un “possible suicide”. Une probabilité qui prend tout son sens lorsque l’on se penche sur deux faits. D’abord le corps présente deux zones de lividité. La lividité cadavérique se forme dans les quatre heures suivant la mort. Si durant cette période, le cadavre est bougé, le sang afflue vers les zones de contact, laissant des traces démontrant la position du corps. Dans le cas de Marilyn, Thomas Noguchi, le médecin légiste remarque une zone principale sur la face antérieure de l’actrice. Un phénomène normal puisque Marilyn a été retrouvée couchée sur ventre. Mais plus étrange, le coroner de Los Angeles note également “une légère lividité sur la face postérieure des bras et des jambes”. Un élément qui signifie que le corps de l’actrice a été bougé dans les minutes qui ont suivies sa mort. Une hypothèse en contradiction totale avec la chronologie officielle où le cadavre de Marilyn n’a pas été déplacé. Autre fait troublant, l’impossibilité pour les médecins de retrouver une trace des barbituriques dans l’estomac de l’actrice. Mieux encore, afin de mettre fin à ses jours, l’actrice aurait ingurgitée entre vingt-cinq et cinquante gélules de Nembutal. Un somnifère à l’enveloppe en gélatine jaune réputée pour laisser des traces dans le tube digestif. Là, dans le cas de Marilyn , où la quantité est vraiment importante aucune trace jaune. Pourtant son foie, est lui chargé en barbituriques. Seule explication logique, le fait que le mélange mortel ai été administré en intraveineuse. Pourtant Nogushi ne trouve aucune trace d’aiguilles sur la peau de l’actrice.
L’autopsie n’est pas la seule zone d’ombre du cas Monroe. Si le décès de l’actrice remonte à 22 heures 30, le sergent Jack Clemmons du Precint de West Los Angeles, de permanence dans la nuit du 4 au 5 août, est informé du décès de l’actrice par un de ses médecins à 4 heures 25. Six heures de délai où le docteur Greenson et le docteur Engelberg, les deux psychologues de la star réfléchissent à la conduite à adopter. Une excuse étrange que ne manque pas d’interpeller le policier, surpris également par la position du corps de Marilyn. D’habitude, un suicidé aux barbituriques s’éteint dans de douloureuses convulsions. Là, la star repose “les bras le long du corps et les jambes allongées toutes droites”.
Quoiqu’il en soit, cet étrange délai est à l’origine de la thèse la plus radicale concernant l’implication de Robert Kennedy : sa participation directe au crime. Une hypothèse où il serait question, après une visite mouvementée dans l’apres-midi, d’un retour du frère du Président durant la nuit. Et finalement du meurtre de l’actrice. Le délai crée par Greenson et Engelberg étant utilisé par le Secret Service pour effacer du domicile de l’actrice toute trace du passage du ministre de la Justice.
Cette théorie est soutenue par deux témoignages. D’abord, celui, en 1985 d’Eunice Murray, la gouvernante de Marilyn. Après des décennies à coller à la thèse officielle, Eunice confirme au journaliste Anthony Summers que Robert Kennedy a bien rendu visite à Marilyn le jour de sa mort. Et révèle ensuite que “le docteur Greenson et une ambulance étaient arrivés alors qu’elle était encore en vie”. Deuxième témoin, Fred Otash, un privé de L.A qui affirme avoir placé le domicile de la star sur écoute. Et, sans malheureusement en apporter la preuve, que cette nuit là ses micros espions ont capturé une violente dispute entre la star et Robert Kennedy. S’ils paraissent solides, ces deux éléments sont à analyser avec précaution. Otash était un proche de Jimmy Hoffa, le patron du syndicat des camionneurs américains aux accointances avec la mafia. Hoffa et Kennedy se vouaient une haine réciproque. Charger le ministre de la Justice, même à titre posthume, est aussi le moyen d’entâcher sa réputation et sa place dans l’Histoire. Eunice Murray, elle, à porté jusqu’en 1985, un terrible poids sur sa conscience : Marilyn est morte alors que Murray était chargée de sa surveillance. En optant, après coup, pour la conspiration, elle déplace vers un autre le fardeau de sa propre responsabilité. Et puis, si l’on retient l’idée d’un meurtre prématuré afin de se débarrasser d’une Marilyn trop bavarde, il est incompréhensible que Bobby Kennedy ait pris le risque de se compromettre en prenant le risque d’assister en personne à la mort de sa maîtresse.
Alors que s’est-il passé dans la nuit du 4 au 5 août 1962 au 12305 Helena Drive ? Et comment expliquer l’absence de ses fameux barbituriques dans le corps de l’actrice ?
Il est impossible de donner une réponse définitive mais il existe deux éléments qui, peut-être, permettent de se rapprocher de la vérité. D’abord, il semble que certains documents aient disparus du domicile de l’actrice cette nuit-là. Parmi ceux-ci, un petit carnet rouge où Marilyn notait l’ensemble des confidences faites sur l’oreiller par Robert mais aussi John Kennedy. Un contenu que l’actrice aurait menacé plusieurs fois de révéler. Selon Otash, la dispute enregistrée tournait autour de ce journal, Kennedy ordonnant à Monroe de lui remettre. Devant le refus de l’actrice, Robert Kennedy est-il revenu dans la nuit ? Était-il, comme l’affirme une voisine, accompagné d’un homme portant une mallette de médecin ? Était-ce comme le suggère Eunice Murray, le docteur Greenson lui-même ? L’idée de départ était-elle d’administrer un dosage permettant “d’assommer” Marilyn et de fouiller ses affaires afin de dérober le carnet rouge ? La présence continuelle et importante de Nembutal dans l’organisme de l’actrice est-elle à l’origine d’un surdosage accidentel ? C’est possible, surtout au regard de ce dernier élément. Il existe une manière unique et efficace de dissimuler une trace de piqûre. Il suffit de planter l’aiguille dans un hématome. Le bleu dissimulant ensuite la microscopique trace sur la peau.
Dans son rapport d’autopsie, le docteur Nogushi relève la présence de deux hématomes récents sur le corps de Monroe. “Une petite ecchymose sur la fesse gauche et une autre à gauche sur la chute des reins” qui sont peut-être la clé du mystère Marilyn Monroe.