A 45 ans, Madonna affronte la pire période de sa carrière. Ses ventes de disques sont déclinantes, sa nouvelle tournée déçoit, ses affaires sont moins florissantes et elle se retrouve à défendre devant les tribunaux l’avenir de Maverick sa propre compagnie . Et alors que l’ex-Material Girl s’efforce de vendre son retour sur scène comme celui du renouveau, le véritable débat est ailleurs. Et la question est douloureuse : Madonna est-elle finie ?
Il y a des signes qui ne trompe pas. Comme celui de devoir annuler la deuxième soirée de sa nouvelle tournée pour des ennuis de santé. Et si l’entourage de la star s’est précipité pour annoncer qu’il s’agissait juste de pépins gastriques, la presse américaine ne s’est pas gênée pour souligner qu’à 45 ans , la madonne supportait peut-être plus difficilement les lendemains de concert et les courbatures.
Et puis il y a encore celui-ci. La quasi-totalité des reportages sur la première de la tournée “Re-Invention” débutait par... Christine Aguilera. La jeune chanteuse présente dans le carré VIP a fait plus parler d’elle pour son tee-shirt affichant “Gorge profonde” que Madonna préférant un “ les Kabbalistes sont les meilleurs”.
Et que dire encore de ce très sérieux papier d’USA Today classant le retour de Madonna dans la vague nostalgie qui, vingt ans après, célèbre le retour de Prince, No Doubt et Van Halen ? Alors que Madonna a toujours tenté d’imposer une image de précurseur, elle se retrouve désormais lié au début de MTV et des premiers vidéo-clips.
Mais il faut dire que ces dernières années, aux yeux de l’industrie musicale, Madonna a tout fait pour se ringardiser. Elle a écrit un livre pour enfant, affiche un mariage heureux et tourne dans les navets de son mari. Dans un même temps Britney Spears se marie et divorce en 24 heures à Las Vegas, l’intimité et les talents de Paris Hilton affolent internet et Jessica Simpson assure dans le rôle de blonde.
Premier résultat, comme Joe Cocker, Tina Turner ou Michael Jackson, Madonna vend plus en Europe qu’aux États-Unis. Son dernier opus, American Life a tout juste dépassé le demi-million d’exemplaires, très loin des dix millions de Like a Virgin, il y a justement...vingt ans.
Et si sa tournée- dont six soirées au Madison Square Garden à New-York- sera extrêmement profitable, une partie du public se déplace désormais pour entendre seulement ses anciens titres. D’où la déception d’une partie du public à l’absence de certains classique tel Like a Virgin ou La Isla Bonita remplacés par des morceaux plus récents.
Mais c’est la presse, toujours apte à brûler ce qu’elle a adoré hier, qui réserve ses meilleures piques à la chanteuse. A en croire le New-York Times, Vogue ressemble désormais à une musique d’accompagnement pour cassette vidéo de remise en forme et Imagine de John Lennon repris par la star sur fond d’images de famine déclenche des envies de dépression. Plus gênant encore, la présence en coulisses et sur scène du Centre de la Kabbale, la nouvelle religion de la Madonne. Désormais la star, qui exige trente caisses d’eau bénite dans sa loge, utilise la scène pour promouvoir des associations caritatives liées à l’ordre. Cela passe par des évocations directes mais également des messages plus subtils tels l’affichage de messages en Hébreux lors de Papa don’t preach.
Et si officiellement, Madonna a annulé son passage en Israël pour crainte d’attaques terroristes, d’autres y voient l’influence du Centre de la Kabbale sur la carrière de la chanteuse. L’ordre religieux aux accents sectaires n’étant pas bienvenu en Israël où l’on reproche à son fondateur une utilisation mercantile de la religion.
Mais aux yeux de la star, le Re-Invention Tour à une qualité énorme. Jusqu’en septembre prochain, il l’a tient éloigné d’une autre réalité, plus sordide que quelques couacs scéniques. En effet, depuis le mois dernier Madonna, une artiste Warner Music, se retrouve au centre d’un combat judiciaire entre.. Warner et Maverick, le label crée par la star au milieu des années 90. Et à en juger par les arguments avancés par les deux camps, la lutte promet d’être sanglante.
Au centre de la controverse, l’avenir de Maverick dont le contrat l’unissant à Warner se termine à la fin de l’ année. Les termes de l’accord prévoyait alors que Maverick avait alors la possibilité d’acheter les parts de Warner. Mais voilà, l’arrivée d’Edgar Brofman à la tête du géant de la musique a modifié la donne. Si Maverick souhaite son indépendance, il lui faudra d’abord rembourser les presque cent millions de dollars de dette que le label de Madonna a contracté auprès de Warner. Du moins c’est ce qu’affirme la compagnie car du côté de star on dénonce la double comptabilité de Warner, on évoque un scandale à la Enron et surtout on met en avant le peu d’enthousiasme de la compagnie à défendre et promouvoir les albums produits par Maverick dont les -rares-succès sont ceux d’Alanis Morissette. Résultat, Maverick affirme que Warner lui doit là aussi- le hasard faisant décidément bien les choses- près de cent millions de dollars.
Mais si tout cela est finalement assez classique et rappelle la guerre entre Disney et Pixar, ce qu’il l’est moins, c’est la volonté de Warner de rompre les négociations pour préférer les tribunaux. En effet, si d’habitude ce genre de conflit se règle dans les cabinets feutrés d’une armada d’avocats, la compagnie à étrangement choisi la publicité à la discrétion. Déclenchant une contre-attaque de Madonna elle-même publiant un communiqué de presse où elle s’affirme blessée “par la trahison et le coup de poignard dans le dos “ de Madonna. Se plaçant au centre de la bataille, l’artiste Madonna espère fait faire pencher la balance en la faveur de Madonna, présidente de Maverick. Mais rien n’est moins sûr. Car il se murmure du côté de la maison de disque que le dossier Madonna n’est plus considéré comme prioritaire. Son contrat - un des plus lucratifs de la profession- avec Warner n’est plus que de deux disques. Un album live de la nouvelle tournée et un best-of couvriraient donc les engagements de la star mais surtout les obligations de Warner. Plaçant Madonna devant la possibilité de se retrouver sans maison de disques . Et répondant ainsi à la question posée en ouverture de cet article.
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