JFK
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J'ai décidé de débuter ce dossier par un texte intégral écrit pour VSD en juillet 2003. Il ne s'agit pas de revenir sur le meurtre de JFK mais sur la disparition de son fils. Pourquoi ce choix ? Peut-être pour démontrer que l'on peut défendre l'idée d'une conspiration sans forcement voir les "forces du mal" à tous les coins de rue.
JFK jr, retour sur un accident  
Le vendredi 16 juillet 1999 à 21h40, le Piper Saratoga de John Kennedy jr plongeait dans les eaux noires des côtes de MarthasVineyard. Le petit prince de lAmérique, accompagné de son épouse et sa belle-sSur confirmait ainsi létrange malédiction pesant sur la dynastie Kennedy. Après avoir goûté à la gloire, le clan connaissait à nouveau lamertume du deuil.
Relayée par des médias omniprésent, la mort tragique du fils de lancien président des États-Unis devenait une cause nationale. Dans le même temps, linternet senflammait des rumeurs les plus folles. JFK jr aurait été victime tour à tour de la CIA, des Bush craignant sa future candidature à lélection présidentielle, du Mossad ou des époux Clinton. Trois ans plus tard, au delà de ces délires conspirationistes, laccident de JFK jr recèle de nombreuses zones dombre. Pourquoi, par exemple, le NTSB chargé de lenquête a-t-il ignoré les témoignages faisant état dune explosion ? Et pourquoi a-t-on propagé la rumeur dun John-John pilote inexpérimenté alors quen, réalité il cumulait plus de 300 heures de vol ? Ou pourquoi, encore, Carolyn, sa propre sSur, a-t-elle demandé aux collaborateurs de JFK jr de ne pas répondre aux nombreuses sollicitations de la presse ? Autant de questions que seul un retour sur les dernières heures de John Kennedy Jr permet, pour la première fois, den livrer les réponses.
JSteven Blow a brisé un tabou. Dans American Son, un livre paru en juin dernier aux États-Unis, cet ancien de George, le magazine crée par le fils de JFK, livre un portrait intimiste des dernières années de John-John. Une première, puisque jusquen présent le cercle des proches, respectant les consignes données par Carolyn Kennedy, avait refusé les sirènes médiatiques. Cette obsession du secret se comprend difficilement tant JFK jr était devenu un personnage public, une sorte dicône pour une Amérique en manque de mythe. En fait la lecture de louvrage de Blow - qui rend parfaitement justice aux extraordinaires qualités humaines de Kennedy - permet de comprendre pourquoi la fille du président assassiné sest dressée en gardienne du temple. En racontant lépopée de George, Blow dévoile létat desprit de JFK jr dans les derniers temps de sa vie. Et dévoile lextraordinaire pression quil subissait quotidiennement. Dabord, en luttant pour la survie de son magazine. Quelques semaines avant sa disparition, JFK jr avait été informé par les dirigeants dHachette-Filippachi de larrêt de la diffusion du titre. Poussant ainsi Kennedy a multiplier les voyages au Canada et dans le reste du pays afin de trouver publicitaires, éditeurs et investisseurs prêt à sauver George. A cette menace professionnelle venait sajouter deux problèmes dordres familiaux. Depuis 1989, Anthony Radziwil, le fils de la sSur de Jackie Kennedy, était atteint dun cancer. John a toujours considéré Anthony comme le frère quil na jamais eu et avait donc pris à cSur le combat pour tenter de sauver son cousin. Malheureusement en 1999, létat de Radziwil sétait aggravé, laissant présager une issue tragique prochaine. Une perte à venir dont John Kennedy jr avait du mal à supporter lidée, népargnant ni son temps ni son énergie à soutenir Radziwil lors de ces nombreuses hospitalisations. Ironiquement, brisé et sur un fauteuil roulant, Anthony assistera aux funérailles en mer de John avant de séteindre moins dun mois plus tard.
Et puis surtout, cest ce que confirme Blow en y apportant un nouvel élément, les quarante-huit heures qui précédèrent laccident de Marthas Vinyard furent agitées pour le couple Kennedy. Sans remettre en question, la solidité du ménage, Blow raconte avoir involontairement surpris une dispute téléphonique entre John Jr et Carolyn Bessette. Kennedy explosant dun : Bon Dieu Carolyn ! Tu es la raison qui a fait que jétais encore debout à trois heures la nuit dernière. Cette querelle est à mettre en perspective avec cet autre élément. Le lendemain, au lieu de rentrer dormir chez leur appartement de TriBeCa à New-York, JFk jr avait préféré sisoler au Stanhope Hôtel, son refuge habituel lorsque le couple traversait une tempête. Quelques heures plus tard, apparemment réconcilié, Carolyn et John se retrouvaient sur un aéroport du New-Jersey. Le dernier témoin a les avoir vu vivant se souvient quavant de monter dans le Piper, ils sétaient embrassés.
Cette remise en contexte en trois éléments, si elle nexplique pas laccident, révèle les conditions psychologiques difficiles vécues par JFK dans les dernières heures de son existence. Des conditions peu propices à un vol sans assistance électronique et de nuit. Sans compter que le matin même, John venait de se faire enlever un plâtre à la cheville et que létat de sa blessure ne lui permettait sûrement pas dassurer sereinement le pilotage du petit avion.
Quoiquil en soit, cette dimension là fut complètement ignorée par la NTSB qui dans son rapport sur les causes de laccident se focalisa sur les risques dun vol de nuit, une soudaine montée de la brume et dune probable erreur de jugement dun pilote jugé inexpérimenté. Cette idée que JFK jr nétait pas capable deffectuer en solo le vol du 16 juillet 1999 est une hérésie. Non seulement, Kennedy avait plus de trois cent heures de vol dexpérience dont cinquante-cinq de nuit mais avait effectué le même trajet trente cinq fois durant les derniers quinze mois. Dont la moitié sans instructeur, dans des conditions proche de celle de la nuit de sa disparition. Il est encore aujourdhui impossible de savoir comment et pourquoi, cette rumeur a pris forme. Une des pistes à suivre est peut-être celle des assurances. Établir la seule et pleine responsabilité du pilote permet de dégager certaines obligations. Dans tous les cas, cest se basant sur lidée dun mauvais jugement de John, quAnn Freeman, la mère de Carolyn et Lauren Bessette a obtenu 15 millions de dollars de la famille Kennedy en compensation de la disparition de ses deux filles.
Un autre élément, pourtant présent dans un rapport du Département des Transports a été ignoré par les enquêteurs. A 21 h 36 , soit quatre minutes avant la disparition du Piper de Kennedy des radars de laéroport de Marthas Vinyard, Carolyn Bessette a placé un appel téléphonique à laide de son portable, vraisemblablement pour annoncer son arrivée prochaine sur le tarmac. Dabord, cet élément permet de confirmer la soudaineté de laccident mais surtout met à jour la possibilité dinterférences entre léquipement électronique de lappareil et le téléphone de Carolyn. Un scénario connu des pilotes du monde entier et dont la probabilité est évoqué par les autorités de régulations aérienne qui en interdisent lutilisation en vol, à fortiori lorsquil sagit davions de petite taille.
Mais il y a mieux encore. Dans son rapport sur laccident NYC99MA178, la NTSB a fait limpasse sur deux témoignages intrigants. Le premier est celui dun journaliste stagiaire du Marthas Vinyard Gazette. Interrogé par la chaîne de télévision de Boston dans les premières heures de la disparition , il raconte quil se promenait sur les côtes de lîle lorsque quelle secondes avant 21h40 il a remarqué un flash blanc dans le ciel accompagné du bruit dune explosion. Si elle était unique, lauthenticité de cette version de la nuit du 16 juillet pourrait être mis en doute. Mais cest sans compter sur les affirmations de Victor Pribanic. Cet avocat de Pittsburgh pêchait de nuit à proximité du lieu de laccident, soudain il entend une explosion au dessus de (son) épaule droite. Il ny a pas eu de déflagration mais cétait un sacré bang. Mieux encore quelques secondes avant dentendre lexplosion, Pribanic a aperçu un petit avion volant à basse altitude. Sil ne peut pas être formel sur lidentité du pilote de lappareil, Pribanic, alors que les médias sinterrogent sur le sort des époux Kennedy, prévient dès le lendemain matin les autorités de laéroport de Marthas Vinyard. Sa version des faits, unique par sa proximité avec le lieu du crash mais infirmant la thèse officielle dune chute du Piper à près de cent kilomètres heures, est enregistrée et passée à la NTSB. Pourtant jamais les enquêteurs ne prendront le temps de venir interroger Pribanic.
Alors que sest-il passé à 21 heures 40 à bord du Piper Saratoga de John Kennedy Jr ?
Tout dabord, il semble que la thèse dun accident soit la plus probable. Ainsi, la présence importante et soudaine de brume, labsence de lune et la difficulté de différencier lhorizon de la surface de leau est confirmée par dautres pilotes en vol cette nuit là. Et puis, il ne faut pas négliger non plus, le témoignage de Kyle Bailey. Ce jeune pilote dont le box à laéroport dEssex County dans le New Jersey était voisin de celui de John-John se trouvait sur le tarmac au moment du décollage des Kennedy. En fait, Bailey, devait effectuer lui aussi un vol pour Marthas Vinyard, mais craignant leffet combiné de la brume et de la nuit, il avait décidé au dernier moment dannuler son déplacement. Et de fait, a confirmé que cette nuit-là les conditions de pilotage au dessus de lOcéan Atlantique étaient dangereuses.
Mais sil sagit dun accident, dune erreur de jugement de JFK jr décidant de senvoler lorsque la prudence conseillé dattendre le lendemain matin, comment interpréter les témoignages du journaliste du Marthas Vinyard Gazette et de Victor Pribanic ?
Une question dautant plus épineuse que la thèse de lexplosion en vol, de manière accidentelle ou criminelle, ne résiste pas aux preuves matérielles. Les restes de lappareil remontés par la Marine américaine et lexpertise qui en a suivie démontrent labsence des habituels signes dun tel événement. Ainsi lhypothèse populaire dune perte subite de la queue du Piper suite à une déflagration et ayant entraîné la chute rapide et les mouvements désordonnés enregistrés par les radars de laéroport de Marthas Vinyard est mise à bas par la découverte dune partie du cockpit de lappareil. En effet, la queue y est encore attachée démontrant une séparation liée à limpact.
Ces certitudes nautorisent pas, comme la pourtant fait la NTSB, de négliger deux témoignages qui par leur précision et leur spontanéité remettent en cause le scénario des derniers instants de JFK Jr. Mieux encore, répondre à lénigme Pribanic, cest certainement dévoiler les raisons de la mort tragique de John-John.
La nuit du 16 juillet 1999 a bien été marqué par une série dexplosions au dessus de Marthas Vinyard. Comme chaque année à la même époque, la chaleur latente, le taux dhumidité extrêmement élevé et un refroidissement rapide liée à la tombée de la nuit sur locéan ne sont pas uniquement à lorigine de la brume. Les mêmes causes entraînant ce que communément lon nomme des orages de chaleur, en réalité des éclairs distants éclatant au cSur même des champs vaporeux. Ainsi si lon reprend le témoignage du journaliste, il est question de lumière blanche et non pas orangée comme dans le cas dune explosion de kérosène. Une couleur qui correspond à celle dun éclair. La présence massive de ce phénomène atmosphérique est soutenue par un autre point. Le rapport dexpertise sur létat du cockpit précise que toutes les ampoules électriques avaient explosé, que les circuits électriques avaient fondus et que la batterie était totalement déchargée. Exactement comme si la foudre sétait abattue sur le Piper de John Kennedy Jr. Une thèse soutenue par les derniers mouvements de lappareil. Avant de s'abîmer, la lecture des échos radars démontre que John-John a effectué une série de manSuvres modifiant sa trajectoire, exactement comme sil tentait déviter quelque chose. Et puis soudainement, dans une trajectoire désordonnée comme si le pilote était désorienté débute la chute vertigineuse et finale vers lAtlantique. Et comme un étrange et terrible raccourci de lhistoire, dans le silence de la nuit du 16 juillet 1999, résonne les mots du père assassiné: Nous sommes attachés à locéan et quand nous allons vers les vagues, nous retournons là doù nous sommes venus.
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