Le Matin - 11 septembre 2004 -
   
� Il ne faut pas battre son adversaire, il faut le d�truire ! �
 
L'enqu�te d'un journaliste fran�ais diss�que le fonctionnement du clan r�publicain. A �Bush Land�, tous les coups sont permis
Le Matin Online
DIDIER DANA
11 septembre 2004
Le 2 novembre prochain, l'Am�rique dira qui, de Bush ou de Kerry, sera �lu pr�sident. Dans ce contexte, le journaliste fran�ais d'investigation William Reymond, install� depuis quatre ans au Texas, publie �Bush Land�. Une enqu�te de 400 pages sur le clan r�publicain, ses r�seaux, ses manipulations et ses d�rives. Son seul but: gagner � tout prix.

Qu'est-ce que vous appelez �Bush Land�?

C'est une parenth�se culturelle et id�ologique dans la marche des Etats-Unis. Un syst�me mis en place autour de George W. Bush. Mis � part sa garde rapproch�e, Dick Cheney, Condoleeza Rice ou Donald Rumsfeld, il y a les hommes de l'ombre. Dont Karl Rove et David Horowitz. Le premier est un th�oricien. Un g�nie du mal consid�r� comme le cerveau de Bush. Le second, autrefois marxiste, a rejoint l'extr�me droite. Selon lui, �il ne suffit pas de battre son adversaire, il faut le d�truire politiquement�.

Le camp r�publicain utilise des �armes de destruction massive� pour arriver � ses fins. Lesquelles?

Bush profite du formidable r�seau r�publicain d�j� en place. Sa strat�gie m�diatique s'appuie principalement sur la t�l�. Fox News, la cha�ne d'information No 1 aux USA, qui atteint des audiences records, est pro-Bush.

Sur la question-cl� du terrorisme, l'Am�rique est-elle plus en s�curit� qu'il y a trois ans?

Non, car les milliards ont �t� d�pens�s � l'ext�rieur du pays. A l'int�rieur, les sites sensibles comme les centrales nucl�aires sont vuln�rables. Il faudra dix ans avant de remettre sur pied des services secrets performants. Ils ont �t� phagocyt�s par des terroristes, dont Ali Mohammed. Cet ancien officier �gyptien a �t� une taupe de Ben Laden. Il a un parcours � tiroirs: engag� pour former les cadres de l'arm�e am�ricaine en mati�re d'antiterrorisme, il va s'occuper de la s�curit� de Ben Laden. Les Am�ricains croyaient pouvoir l'utiliser. Or il a permis l'installation d'une centaine d'agents dormants aux Etats-Unis.

John Kerry ne se sert pas du mauvais bilan en mati�re de lutte contre le terrorisme. Commet-il les m�mes erreurs qu'Al Gore en 2000?

Comme lui, il tombe dans tous les pi�ges. Alors que les hommes de Bush, eux, attaquent les points forts de leur adversaire. La mise en cause du service militaire de Kerry porte leur signature. Il a attendu quinze jours avant de riposter et il a mis � mal sa propre cr�dibilit� � d�fendre l'Am�rique.

Les r�publicains utilisent un langage muscl�, parfois cru, contre Kerry...

Arnold Schwarzenegger, qui est un centriste, va traiter Kerry de �tapette� (�girly man�) lors de la Convention r�publicaine. L'id�e sous-jacente est que, non seulement, �Bush n'a peur de personne�, mais aussi que �l'Am�rique est en guerre et qu'on ne va pas changer de g�n�ral en plein milieu de la bataille�.

A vos yeux, Bush le ben�t est un faux na�f. Pourquoi?

Il est plus intelligent qu'on le croit. Sur le site des attentats, il a fait preuve d'un sens fulgurant de la formule. A quelqu'un qui ne l'entend pas, il lance: �Moi je vous entends, le monde entier vous entend et ceux qui ont commis cet acte ignoble vont nous entendre bient�t!� Le lendemain, les m�dias et la classe politique sont au diapason: �Bush est notre chef. Nous sommes � ses ordres..

� Bush Land�, William Reymond, 450 pages, Ed. Flammarion

L'auteur sera l'invit� de �Pardonnez-moi�, samedi 18 septembre, sur TSR1, 13 h 10

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