Affaire Boulin: suicide ou complot ?

Par Emmanuel QUERRY
leJDD.fr (avec Reuters)

La fille du ministre RPR Robert Boulin, retrouv� myst�rieusement mort dans un �tang de la for�t de Rambouillet au mois d'octobre 1979, a demand� la r�ouverture de l'enqu�te sur les raisons de son d�c�s. Celle-ci est en effet convaincue qu'il ne s'agit nullement d'un suicide comme l'avait conclu l'information judiciaire � l'�poque.

Robert Boulin a �t� retrouv� dans un �tang de la for�t de Rambouillet le 30 octobre 1979. (Maxppp)

Fabienne Boulin-Burgeat, la fille du ministre RPR Robert Boulin, mort en 1979 dans des conditions douteuses, a demand� mercredi l'ouverture d'une nouvelle enqu�te. Elle a toujours contest� la version des faits de la justice qui avait conclu au suicide. Pour elle, son p�re a �t� assassin�. Il a �t� victime d'une conspiration politique. Aujourd'hui, elle estime que de nouveaux �l�ments viennent confort�s cette th�se depuis que des auditions sont venues �tayer l'id�e que les milieux gaullistes de l'�poque sont m�l�s de pr�s � cette myst�rieuse mort. "Nous ne cessons de rassembler des preuves tangibles que mon p�re a �t� assassin� et je vois mal comment la justice de la R�publique pourrait continuer � les d�nier", a-t-elle d�clar� lundi dans un communiqu�.

Cette demande intervient � quatre jours du premier tour de l'�lection pr�sidentielle � la suite de la parution d'un livre clef de l'affaire. La contre-enqu�te men�e par Benoit Collombat et intitul�e Un homme � abattre, r�v�le 28 nouveaux t�moignages recueillis entre 2002 et janvier 2006 par la justice. Ces nouvelles auditions judiciaires ordonn�es � la demande de Fabienne Boulin, suite � un reportage t�l�vis� soutenant la th�se du meurtre, apportent une s�rie d'�l�ments nouveaux confortant son accusation d'assassinat politique.

Robert Boulin suicid� ?

Robert Boulin fut le ministre du Travail de Val�ry Giscard d'Estaing sous le gouvernement de Raymond Barre. Son corps avait �t� retrouv� dans un �tang de la for�t de Rambouillet le 30 octobre 1979 sur la commune de Saint-L�ger-en-Yvelines. L'enqu�te initiale avait �t� men�e en l'absence de plainte de la famille du d�funt. Puis apr�s le d�p�t de plainte, il s'en �tait suivi neuf ans de proc�dures qui s'�taient conclues par un non lieu, confirm� en appel.

La th�se retenue �tait que Robert Boulin avait c�d� � un acc�s de d�sespoir en raison de sa possible mise en cause dans un scandale immobilier � Ramatuelle dans le Var. Cette affaire dans l'affaire r�v�lait que le ministre avait achet� un terrain � bas prix � un personnage douteux, Henry Tournet. Deux cartes manuscrites ("embrassez ma femme, le seul grand amour de ma vie") avaient �t� retrouv�es dans sa voiture rest�e pr�s de l'�tang. Une douzaine de t�moins, y compris son fils Bertrand, aujourd'hui d�c�d�, expliquaient qu'il �tait tr�s d�prim� par sa mise en cause dans l'affaire immobili�re.

La th�se du suicide retenue � l'�poque avait d�j� suscit� quelques doutes. L'homme de 59 ans avait �t� retrouv� noy� dans une �tendue d'eau de faible profondeur. Cela rendait difficilement plausible l'acte volontaire de mort mais l'enqu�te judicaire initiale men�e par la gendarmerie avait conclut � la noyade provoqu�e par l'absorption de valium qui avait mis dans un �tat de l�thargie le ministre et entra�n� sa mort par asphyxie et ce, m�me si la profondeur de l'eau �tait relativement faible.

Des nouveaux �l�ments relance la th�se du complot

Fabienne Boulin et Me Bourdon assure que les t�moignages nouveaux laissent � penser que police, justice et milieux politiques ont fabriqu� la th�se du suicide. Diverses d�positions pr�sentent en effet des incoh�rences dans les conclusions de la premi�re enqu�te. Notamment sur l'heure de la d�couverte du corps. Des t�moignages affirment que celui-ci a �t� trouv� entre deux et trois heures du matin alors que les enqu�teurs officiels ont dit n'�tre arriv�s que cinq heures plus tard. Le Premier ministre de l'�poque, Raymond Barre, aurait appris le d�c�s � 3H00. La th�se du maquillage est donc relanc�e. D'autant que l'autopsie n'a r�v�l� aucune trace d'eau dans les poumons mais � mis au jour des traces de violence. "C'est �vident qu'il a �t� tabass�" � affirm� sa fille lors d'une conf�rence de presse.

D'autres t�moignages mettent � mal les rangs gaullistes de l'�poque. Robert Boulin, candidat � Matignon, disposait selon ces t�moignages, d'�l�ments compromettants � l'encontre du RPR de Jacques Chirac. Certains t�moins r�v�lent aussi que le SAC ou Service d'Action Civique, le service d'ordre du parti gaulliste, dissous en 1981, a jou� un r�le essentiel avant et apr�s le crime. La th�se du complot a d�j� �t� examin�e et r�fut�e d�s 1992.

Pourtant selon l'avocat de Fabienne Boulin-Burgeat, "l'affaire est � un tournant". Mme Burgeat et Me Bourdon n'ont pas voulu s'exprimer sur les pr�sum�s commanditaires de l'assassinat qu'ils soup�onnent. "C'est � la justice de le faire", ont-ils dit, en pr�cisant que M. Boulin avait en sa possession des dossiers compromettants pour "des hauts dirigeants de l'�poque".

Un nouveau proc�s pour r�tablir la v�rit�

"Je suis frapp� par une chose : la prouesse technique de ceux qui ont install� le dogme du suicide. Ceux qui ont conspir� et complot� ont mis en oeuvre un talent exceptionnel", a d�clar� Me Bourdon. Il a aussi contest� que le ministre ait post� le 29 octobre huit lettres � la police, � des avocats, � des m�dias et diff�rentes personnalit�s, dont Jacques Chaban-Delmas. Dans ces lettres en partie dactylographi�es et en partie manuscrites, Robert Boulin disait sa volont� de se donner la mort dans l'�tang de Saint-L�ger. Une expertise avait � l'�poque authentifi�e son �criture et les brouillons du texte ont �t� retrouv�s � son domicile. Aujourd'hui, la partie civile parle plut�t de faux.

Me William Bourdon a donc annonc� qu'il d�poserait un m�moire officiel demandant une nouvelle instruction la semaine prochaine au parquet g�n�ral de Paris. Il demandera aussi une audition au procureur g�n�ral de Paris Laurent Le Mesle, � qui appartient la d�cision �ventuelle de r�ouverture du dossier. D'ores et d�j�, pour la fille du d�funt, la perspective d'une r�ouverture de l'enqu�te autour de la mort myst�rieuse de son p�re "est une magnifique occasion pour la France de se regarder en face".

Un Am�ricain arr�t� pour avoir distribu� de la nourriture aux sans-abri

Par AFP

LIBERATION.FR : vendredi 6 avril 2007

La police d'Orlando en Floride a arr�t� un militant pacifiste qui distribuait de la nourriture aux sans-abri dans un parc de la ville, violant un arr�t� municipal interdisant de donner � manger aux indigents.

Eric Montanez, 21 ans, de l'organisation caritative "Food not bombs" ("De la nourriture, pas de bombes") a �t� interpell� mercredi alors qu'il servait � manger � une trentaine de personnes. Il risque 500 dollars d'amende et jusqu'� 60 jours de prison.

Des policiers munis de cam�ras ont film� la sc�ne et pr�lev� des �chantillons de nourriture, selon le rapport de la police. L'arr�t� municipal, contest� en justice par des organisations de d�fense des droits de l'Homme, a �t� adopt� apr�s les plaintes de riverains et commer�ants locaux.